1946 : Les rapports entre une partie des conducteurs
et le Syndicat Général étant très tendus, de nombreux conducteurs
décident alors de créer une section qui serait indépendante du Syndicat
Général tout en restant liée à la CGT. Pour faire connaître ce projet
une délégation a été élue par : 880 conducteurs pour et 8 votes contre.
Elle est composée d'Edgar Violet, Emile Clément, Baudry et Clara. |
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Après le refus de la Fédération des Transports, une partie des conducteurs est décidée à faire scission en fondant le Syndicat Autonome Traction. Le SAT est le premier à faire scission, une deuxième organisation le Syndicat Général Autonome, composée de socialistes, a rompu avec le Syndicat Général, le 28 janvier 1947. A l'aide de cet extrait, on peut constater que la principale raison invoquée est la mainmise communiste sur la direction du Syndicat Général. Les minoritaires ne pouvaient plus accéder aux postes de responsabilité. Par conséquent, le mécontentement des conducteurs n'est pas la seule cause pour expliciter ce divorce. II faut y ajouter la raison politique. Un conducteur auteur d'un article dans Traction résume bien les raisons de la scission : |
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« Nous étions, il y a un an, tous à la CGT, ne l'oublie pas que diable et c'est justement par le sectarisme politique de certains de nos dirigeants d'alors, qui n'ont pas su nous comprendre, et qui, il faut le dire, n'avaient en fait pas beaucoup de doigté syndical, et nous mésestimaient nous les pousseurs de manette, nous tournaient en dérision et ont été, en fait, les responsables de la scission. [...] Pour les adhérents du SAT, la scission est due à la politisation de la CGT. Le sectarisme de la CGT, est dû au dogme cégétiste, l'union des travailleurs dans «un seul syndicat», les représentants du futur ne voulaient pas quitter la CGT, ils voulaient constituer un syndicat qui reste intégré à la CGT, refus du Syndicat général et refus de la Fédération des Transports. Pour défendre leurs intérêts, ils ne leur restaient comme dernier recours que de créer un syndicat autonome de la CGT. » |
Durant la période entre le refus catégorique de la Fédération nationale
des moyens de transport et le dépôt des statuts du SAT le 27 janvier
1947, les conducteurs dissidents se sont interrogés sur la conduite à
tenir pour faire aboutir leurs revendications, soit renoncer à leurs
prétentions, soit créer une nouvelle organisation indépendante. Le désir
de se séparer de la CGT n'est pas nouveau. En 1939, une partie des
conducteurs a voulu se séparer de la CGT. Néanmoins, ils ne sont pas
allés jusqu'au bout de leur « logique ».
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Quant au SAT, il a des vues plus larges en s'intéressant à l'ensemble du
Service Traction. La filière Traction est constituée de conducteurs de
Métro, de chefs de secteur Traction (agents de maîtrise) et d'inspecteurs
Traction (cadres). A ses débuts, le SAT se compose en grande partie de
conducteurs, les chefs de secteur sont peu nombreux et les inspecteurs sont
absents. Certains agents de maîtrise s'expriment dans Traction.
Ils souhaitent eux aussi se distinguer des autres catégories : |
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Le 29 novembre 1946, les dirigeants du Syndicat Général démettent Emile Clément de ses responsabilités syndicales pour une durée de cinq ans à compter de son adhésion au Syndicat Général. Il quitte la CGT en démissionnant le 14 décembre 1946. A la naissance du SAT, Emile Clément en devient le secrétaire. On peut penser que sa mise à l'écart de la CGT et sa réputation d'anticommuniste l'ont servi. Les sympathisants du SAT ont peut-être désiré un homme qui représente la rupture avec la CGT. D'ailleurs, ce désir de se différencier, on le retrouve dans le choix du nom « Syndicat Autonome Traction» les fondateurs du SAT nous montre ainsi leur aspiration à se dissocier à la fois des confédérations mais aussi des autres métiers de l'Exécution. Considérant que leur métier ne peut être comparé avec d'autres emplois de l'entreprise et notamment ceux du Service Mouvement. Les conducteurs se sont identifiés aux mécaniciens SNCF, sans en avoir le salaire. |
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Le
SAT a basé sa lutte sur l'égalité des salaires entre le conducteur de Métro
et celui de la SNCF.«Pour
le SAT, le conducteur de métro, notamment celui de la ligne de Sceaux se
trouve être à l'image exacte du conducteur de banlieue SNCF de la Région
Parisienne. Le conducteur du Métro souterrain, dans des conditions de
travail plus pénibles, ne doit pas pouvoir être classé en dessous d'un
conducteur de la ligne de Sceaux
». Après avoir établit
l'analogie des postes de travail entre un conducteur de métro et un
mécanicien SNCF. Les conducteurs espèrent bien obtenir un salaire égal
ce qui remet en cause la règle de la parité avec les autres emplois de
l'Exécution. Le SAT a dû mal à se faire accepter par les autres
organisations syndicales. De plus, au mois de février 1947, le Syndicat
Général a protesté auprès du Directeur de la main d'œuvre aux Travaux
Publics «pour faire respecter la loi» sur la représentativité syndicale
soit appliquée au SAT. |
Toutefois, la Direction Générale est réticente à reconnaître le
SAT. |
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C'est pour cette raison que le SAT demande au ministre que soient pris en
compte les statuts de 1931 où la classification est la suivante : |
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Dans une interview à
l'Aurore Emile Clément explique les raisons de ce débrayage : |
De plus, la Direction
incitent certains chefs de secteur à conduire des trains. Malgré ces
efforts pour limiter le mouvement social, le trafic du Métropolitain
reste fortement perturbé. Cela nous montre que la majeure partie des
conducteurs fait confiance aux dirigeants du SAT et qu'il pense que le
syndicat va vraisemblablement être reconnu. Puis le Syndicat Général
fait alors volte-face. Après avoir dénigré cette grève, il décide de
récupérer le mouvement en poussant ses adhérents à cesser le travail
C'est le soir du 13 octobre, lors d'une assemblée composée d'une
centaine d'adhérents de la CGT réunit à la rue de la Grange aux Belles
que le mot d'ordre de grève est lancé. Le 14 octobre, le trafic du métro
et des autobus est paralysé. C'est après l'accord du 16 octobre avec le
Ministère des Travaux publics et des Transports que le SAT, le SAG et la
CFTC décident la reprise du travail. Seule la CGT reconduit le mot
d'ordre de grève. En résumé, nous pouvons dire que c'est une grève constituée de deux phases. Une grève pour une reconnaissance et d'autre part une grève à but électoral. La première menée par le SAT et la deuxième dominée par la CGT. Les syndicalistes de tout bords signalent l'importance des revendications matérielles mais derrière ces revendications. Il y a une lutte d'influence entre deux syndicats, l'un naissant et l'autre établi. |
Selon le protocole conclu le
16 octobre, le SAT obtient ce qu'il désirait : |
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En définitive, le SAT est né à cause de l'intransigeance des dirigeants de la CGT et notamment ceux de la Fédération des Transports qui n'ont pas voulu qu'une section Traction soit créée au sein de la CGT. Les responsables du SAT ont bien sûr pu trouver dans le Ministre des Transport de l’époque, un interlocuteur. Mais cela n'a pas été suffisant, le SAT n'a pu être reconnu que grâce à la grève d'octobre 1947. |
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